Répulsion

Publié le par mahogany


Ces temps ci, mon reflet ne me plait pas.
Quelque soit le vêtement, la posture, la coiffure, les artifices, l’expression du visage, rien à faire : Mon reflet me reviens en pleine figure comme une tare.
Bon, le physique n’a jamais été une de mes priorités, dans la mesure où, sans forcément me trouver beau, je me trouvais physiquement suffisant. Suffisant pour ne pas complexer, suffisant pour lénifier mes pulsions sexuelles, suffisant pour plaire à qui je veux plaire, et suffisant pour que le fait de déplaire ne me frustre pas.

Analysons.

Je suis dans une phase de profond négationnisme sentimental. J’ai rarement eu autant de possibilité de trouver chaussure à mon pied, mais je suis bien pieds nus. Je ne suis pas prêt à emprisonner mes orteils dans du cuir, fût-il la facture du plus fin des cordonniers.

Je subis un travail, rêvant de la rupture de mon contrat. Ce fardeau, que chaque crépuscule amenuise trop lentement, colore en sépia chacun de mes mouvement à partir du moment où je pointe le matin et ce, jusqu’à mon départ le soir. Je n’entrevois les couleurs que durant les trajets entre mon domicile et mon bureau.
C’est un peu comme si, tous les matins, chaque pas me rapprochant de mes collègues éteignait une à une les couleurs du décor urbain, pour ne laisser visible, à l’intérieur du bagne salarial, que le noir et le jaune.

Je rentre à reculons chez moi. Ce domicile ne représente qu’une interjection de vie. A partir du moment où j’y suis rentré, il était déjà question de prévoir le moment où je le quitterais, et comme chacun sait, je déteste prévoir.

 Et donc, pour couronner le tout, je ne me trouve pas terrible.

Je ne sais pas si cela en découle, mais je commence à être moins patient avec mon entourage également. Je n’admets plus devoir supporter les niaiseries d’autrui, niaiseries que je trouvais jadis sans importance. Pire, je trouvais que le côté benêt habillait certaines de mes connaissances d’un charme improbable. Improbable mais charme quand même. Aujourd’hui l’improbabilité des charmes ont été subrogés par la certitude de la saturation.

Je ne m’aime pas, donc je ne t’aime pas. Serait-ce la définition même de l’aigreur ?

Je cherche une bonne césure à cette année. J’hésite entre mon vingt sixième anniversaire, et mon retour en Guadeloupe.
Mon anniversaire aurait un côté symbolique à l’échelle de toute ma vie. Vingt six ans, sur l’autoroute de la vie, on passe le premier panneau indiquant « Attention :Péage de la trentaine dans quatre ans, préparez vous ».
Ou alors mon retour en Guadeloupe, à l’échelle de cette année 2009. Le cocon familial, le soleil, la rupture, pour repartir sur ce CDI qui m’est promis en septembre, ce nouvel appartement, bref, toutes ces choses matérielles incluses par la société dans la quête à la stabilité.
Je prendrais de la couleur et je me plairais à nouveau. Drapé dans le tissu familial qu’est le mien, ne serait-ce que durant un seul mois, on ne peut que (re)devenir beau.

C’est décidé : L’excipit de ma répulsion pour moi-même aura lieu à mon arrivée à Pointe à pitre.

Il ne me reste que quatre mois de laideur à supporter.

Publié dans Introspections

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article