Eternel aspirant

Publié le par mahogany

Les choses sont en ordre.

Alors que certains seront toujours réduis à l’espérance, à faire la queue devant la grande roue, d’autres concrétisent.

Pénible est le destin d’aspirant. Aspirer à être. Le casse tête du fantasme. Si on franchit le pas, on banalise un mythe. Si on ne le fait pas, on se morfond de regrets et spéculations rime avec frustrations.

Plus un fantasme est réalisable plus il est excitant. Arriver à la frontière du possible sans basculer dans « l’acte », afin de garder préservé tout ce qui fait d’un fantasme un fantasme. Rester en équilibre le plus longtemps possible.

Attendre. Attendre que le moment opportun se présente, le moment où l’on doit empoigner l’opportunité qui tranchera. Ce moment qui fait que si l’on ne tente pas, au risque d’être déçu,  le fantasme s’éloignera définitivement, et tout ne sera que mélancolie.

Le moment est là : On le saisit, non sans crainte.

On se retrouve comme le voyageur qui aurait traversé des océans pendant des lunes, vaincu des tempêtes, soumis les vents, suivi son itinéraire malgré les éléments, trouvé son île au trésor, repéré le coffre.

Devant le coffre.

On l’entrouvre doucement  avec un mélange de palpitations et de maîtrise, de délectation et d'empressement ; tous ces mélanges hétéroclites qui peuvent contraster l’impatience légitime à une longue attente avec une envie de savourer lentement l’instant dans son entier.

Vide. Le coffre est vide. Plus uniquement le coffre d’ailleurs…

On ne savoure pas. On déguste.

On ressent cette maudite effusion dans le bas du ventre, un peu comme après une rupture amoureuse délicate.

Ils arrivent tour à tour, toujours dans le même ordre : désarroi, colère, ridicule et se traduisent de façon assez éparses une fois mélangés : pleurs, cris, sauts furibonds…

Les choses sont en ordre.

Certains seront toujours réduis à l’espérance. Et le prix de leur crime, à savoir, avoir un jour franchi le pas de l’aspiration, sera la déception.

Néanmoins, on se dit : La fréquence à laquelle ont la côtoie transforme les heurts de la frustration en caresses.

Un jour il en sera de même pour la déception.

Publié dans Introspections

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Q
Enfin un blog de qualité .<br /> Du style dans l'écriture, une gestion du "tempo" des mots et des phrases et une véritable réflexion...<br /> <br /> Merci pour l'oxygène !
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M
<br /> merci pour l'hommage<br /> <br /> <br />