Souvenirs Confits.
Ceci est un extrait de mon ouvrage à paraître.... un jour. Je publie ici un extrait pour me donner bonne conscience, pour me dire : "Tu vois !! Tu avances !! J'espère que lire ceci vous plongera dans une attente fiévreuse de la suite (j'espère ...) et que la manifestation de votre impatience dopera mon inspiration.
Merci encore de me lire. :
(...)
Voilà un homme que je ne rencontrais que pour la deuxième fois, et qui, m’invitait à considérer sa peine, à soupeser le faix de son âme. Je compris que Patrick détestait cette facette faible de sa personnalité, les aises que prenait sa détresse, l’incontrôlable promiscuité de son désespoir. Voilà pourquoi son conseil du fumoir était avisé : Patrick était l’exemple auquel il ne voulait pas que je ressemble.
Nous portons presque simultanément une becquée à nos bouches respectives, l’occasion pour nos yeux de tomber sur les dalles blanches de la terrasse et pour notre conversation d’être remplacée par le bruit des remous de l’eau de la fontaine, des tintements des couverts qui ripent sur l’émail des plats et du vrac des mots qui fusent sous la tonnelle de la brasserie.
Au sortir de cet aparté, ma bouchée d’entrecôte avait un arrière-goût de révolte.
J’ai vu dans la sincérité de son histoire et dans la justesse de ses conseils une sorte de solidarité pour ma cause. Patrick semblait me dire : tu n’es pas seul, je suis comme toi et nous sommes tous les deux dans la même galère. C’est toi et moi contre le reste du monde, toi et moi contre Nathalie et Magali.
Une colère désorganisée et exagérée voulait jaillir de mes tripes comme un geyser. Le temps d’un silence, un patchwork de ressentir s’était tissé en moi. Cela ne faisait plus aucun doute : Patrick et moi étions des victimes, des victimes de toutes les injustices réunies, des victimes de toutes les injustices réunies personnifiées par ces deux démones. Je ne savais rien de cette Magalie, mais dieu que je la haïssais sur l’instant ! Je la haïssais, et cela m’arrangeait car étant incapable d’apposer une haine quelconque sur Nathalie, je trouvais en Magalie un défouloir rédempteur. Le monde était devenu sur l’instant un gigantesque complot visant notre perte.
Porter par la démesure de ma colère, je me lançais dans un vaste plaidoyer victimaire complètement décousu...